Zones d'études

Ce projet se centrera sur quatre zones ateliers situées dans la région Occitanie et Nouvelle Aquitaine. Deux de ces zones sont archéologiquement très bien connues : la montagne d'Enveitg en Cerdagne française (Pyrénées-Orientales) et l'estive d'Anéou (Pyrénées-Atlantiques) qui serviront de zones d'étalonnage des données. Les deux autres zones sont vierges de toute recherche archéologique : la réserve naturelle d'Aulon (Hautes-Pyrénées) et la commune d'Estaing (Hautes-Pyrénées), qui seront des zones test. (Fig. 1)

Figure 1 - Localisation des zones d'étude

Estive d'Enveitg (Commune d'Enveitg -- 66)

Enveitg est une commune des Pyrénées Orientales située aux pieds de la vallée du Carol. Son territoire s'étend sur 3052 hectares et s'étageant entre 1179 et 2579 m d'altitude. Les pâturages d'Enveitg dominent la plaine de la Cerdagne et font face à la Sierra del Cadi.

L'espace des estives est en partie recolonisé par une végétation méditerranéenne dominée par les genêts et est fragmentés par des petits bosquets de pin. Cette recolonisation est parfois très dense. Le paysage est également marqué par de groupements gros blocs de granit. (Fig. 2)

Figure 2 - Estive d'Enveitg - 26 septembre (Photo. Nicolas Poirier)

La montagne d'Enveitg est archéologiquement très bien connue pour avoir été le cadre de la thèse de Christine Rendu (Rendu, 2003) qui a fait naître le domaine scientifique de l'archéologie pastorale.

Le corpus archéologique établit, entre les années 1985 et 2005, par Christine Rendu et l'équipe du GRAC (Groupe de Recherche Archéologique de Cerdagne) a été retravaillé par Mélanie Le Couédic dans le cadre de sa maîtrise (Le Couédic, 2004). Elle y a repris les données de prospection primaire, les a géoréférencées. Elle a également restructuré les informations acquises sur le terrain dans une base de données spatialisée sous SIG (un point = 1 structure = 1 ligne dans la base de données).

Ce corpus bénéficie également du travail réalisé dans le cadre du programme de recherche DEPART qui a permis le développement d'un SIG collaboratif et international entre la France, l'Espagne et l'Andorre sur les aménagements de la haute montagne (Le Couédic M, 2016).

Dans le cadre de ce projet, la base de données d'Enveitg a été vérifiée et complétée et les différents plans des structures ont été géoréférencées par Laurent Augereau.

Aujourd'hui, cet inventaire comprend 271 structures dont, 6 abris sous roche, 98 cabanes, 9 couloirs de traite, 58 enclos, 64 murs isolés, 6 terrasses et 30 structures indéterminées.

Sur ces 271 structures, 16 ont fait l'objet de fouille extensive. 7 de ces structures sont caractérisées par un seul niveau d'occupation. La fouille des 9 autres a permis de documenter plusieurs niveaux d'occupations au même emplacement. 42 datations 14C ont permis de dater l'ensemble des structures pastorales dont l'occupation date du Néolithique ancien à nos jours.

Estive d'Anéou (Commune de Laruns -- 64)

L'estive d'Anéou se trouve à l'extrémité sud de la commune de Laruns dans les Pyrénées-Atlantiques. Elle s'étend sur 1256 hectares qui s'étagent de 1719 à 2487 m d'altitude. (Fig. 3)

Elle correspond à une petite vallée glaciaire. Son paysage est donc marqué par de vastes espaces plans ou faiblement pentus, des épaulements rocheux, des moraines, des chaos d'éboulement de décomposition et des éboulis gravitaires. La géologie dominante est celle du calcaire.

Cette estive est un espace ouvert recouvert d'une végétation herbacée dominée par le nardus stricta et le trifolium alpinum, en fonction des expositions des pentes, la végétation varie et s'agremente de de festuca paniculata, de brachypodium ou de festuca eskia. Entre ce système de pelouse, s'intercale des landes à callune vulgaire et des myrtilles. (Rendu, Calastrenc, Le Couédic, & Berdoy, 2016, p.19-31)

Figure 3 - Estive d'Anéou - 2007 (Photo. C. Calastrenc)

De 2004 à 2011, cette estive a été le centre du Programme Collectif de Recherche (PCR) « Dynamiques sociales, spatiales et environnementales dans les Pyrénées centrales » dirigé par Christine Rendu et Didier Galop. L'ensemble de ces travaux ont été publié en 2016 aux éditions Le pas d'oiseau dans l'ouvrage « Estives d'Ossau » (Rendu, Calastrenc, Le Couédic, & Berdoy, 2016).

A l'issue des prospections, le corpus disponible comprend 256 structures dont 5 abris sous roche, 50 cabanes, 8 couloirs de traite, 116 enclos, 1 niche, 29 murs isolés et 47 structures indéterminées.

De 2005 à 2007, 27 sondages ont été réalisés sur 27 structures dans le but de renseigner la puissance stratigraphique au sein des bâtiments sondés, de vérifier les successions d'occupation, de cerner les relations entre le ou les niveau(x) d'occupation et les éléments d'architecture et de recueillir des artéfacts et écofacts pour permettre leur datation. 3 structures n'ont pu être datées faute de charbon dans les niveaux d'occupation.

L'ensemble de ces datations documente une occupation de l'estive d'Anéou de l'âge du Bronze à nos jours.

Secteur du Liantran (Commune d'Estaing -- 65)

La commune d'Estaing se trouve en Val d'Azun, dans le département des Hautes-Pyrénées. Son territoire s'étend sur 3 hectares qui s'étagent de 906 à 2960 m d'altitude.

Les estives d'Estaing appartiennent en indivis à 4 communes, Arcizans-Dessus, Bun, Gaillagos et Estaing. Elles sont actuellement gérées par le Syndicat Intercommunal à Vocation Multiple de Labat de Bun (Sivom). Ces pâtures se trouvent en zone cœur du Parc National des Pyrénées.

A l'occasion de ses 50 ans, Parc National des Pyrénées a souhaité soutenir des actions à caractère social, sportif et culturel et notamment des chantiers d'insertion en partenariat avec la Maison de la Montagne de Pau. En parallèle, le SIVOM de Labat de Bun, dans le cadre de la convention d'application de la Charte, a sollicité l'appui du Parc National pour restaurer certains éléments de son patrimoine pastoral en vue de la mise en place de panneaux explicatifs et de visites guidées. En 2017, a été décidé de faire réaliser un chantier d'insertion dans le cadre de la réhabilitation d'une toue (un abri sous roche -- la Toue de Cétira) ainsi que d'une cabane, d'un leyté (système de conservation du lait) et d'un enclos, l'ensemble étant situé dans le secteur du Liantran.

Le service Régional de l'Archéologie de la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) d'Occitanie, a alors prescrit une prospection et un inventaire des structures pastorales en préalable au chantier. Le service Régional de l'Archéologie d'Occitanie m'a alors proposé d'inclure cette étude dans le programme de recherche TAHMM.

Le secteur du Liantran se trouve au fond de la vallée d'Estaing, à 1850 m d'altitude. Sur le bord ouest du lac du Liantran. Il comprend un vaste groupement pastoral qui s'étend sur 3 hectares (Fig. 5).

Ce site se trouve en bordure d'une retenue d'eau et est inclus dans un chaos rocheux.

Figure 5 - Secteur du Liantran de la vallée d'Estaing - 2 octobre 2018

Réserve Naturelle d'Aulon (Commune d'Aulon -- 65)

La commune d'Aulon est située dans les Hautes-Pyrénées. Elle se trouve sur les contreforts Nord du massif de l'Arbizon, en vallée d'Aure. Son territoire s'entend sur 2884 hectares et s'étage entre 1061 et 2884 m d'altitude.

Les estives de cette commune forment, depuis 2001, le territoire de la Réserve Naturelle d'Aulon, géré par l'Association La Frênette. La Réserve Naturelle d'Aulon fait également partie de l'aire d'adhésion du Parc National des Pyrénées. (Fig. 4)

Les estives gérées par cette réserve naturelle sont des espaces ouverts herbacée constitué d'une grande variété floristique caractéristique des milieux montagnards. On y rencontre également des plantes endémiques des Pyrénées comme l'androsace des Pyrénées, le géranium cendré ou la scrofulaire des Pyrénées. L'ensemble forme un paysage de lande qui est en phase de recolonisation par des rhododendron avec quelques petites zones forestières dont une sapinière.

D'un point de vue géologique ce territoire est varié avec la présence de terrains calcaires, argileux, schisteux et une forte présence de granit dans la partie nord.

Le paysage de cette réserve naturelle est accidenté composé de pente assez forte marquants des petites vallées encaissées.

Aucune opération archéologique n'a été réalisée sur ces espaces d'altitude.

Figure 4 - Secteur d'Avays dans la Réserve Naturelle d'Aulon - 21 septembre 2018